Les CER, un outil au service de la transition écologique

La limitation du réchauffement planétaire en deçà de 2°C supplémentaires par rapport à l’ère préindustrielle nécessite de fortement abaisser nos émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’atteindre le plus rapidement possible « la neutralité climatique », situation pour laquelle les concentrations de GES dans l’atmosphère auront été stabilisées. L’Union Européenne ambitionne d’atteindre cette neutralité climatique à l’horizon 2050, et a adopté en 2021 le paquet « Ajustement à l’objectif 55 » (Fit for 55), jalonnant un point d’étape à 2030 pour lequel les émissions devront avoir diminué de 55% par rapport aux niveaux de référence de 1990. Le respect de ce point de passage 2030 est important car il garantit le bon respect du « budget carbone » autorisé, c’est-à-dire la quantité de GES qu’il est encore possible d’émettre dans l’atmosphère, pour limiter le réchauffement à 2°C supplémentaires.

Pour cela, réduire rapidement et massivement l’utilisation des énergies fossiles que sont le charbon, le gaz et le pétrole, responsables pour ¾ des émissions de GES (essentiellement sous forme de CO2) à travers le monde est une condition indispensable à l’atteinte de ces objectifs. Nos modes de vie sont encore fort dépendants de ces énergies fossiles : le carburant issu du pétrole pour se déplacer, mazout ou gaz pour se chauffer, ou encore gaz et charbon pour produire de l’électricité, et tout un chacun doit œuvrer pour réduire cette dépendance.

A l’échelle citoyenne, cela peut se traduire par exemple par le recours à la mobilité douce électrique, l’utilisation d’électricité d’origine renouvelable permettant d’éviter l’émission de GES à l’usage, ou encore la mutualisation et le partage de biens communs : autant d’actions qui ont toute leur place au sein des CER ! Mais à quel point suffisent-elles pour la lutte contre le changement climatique ?

Un exemple d’action au sein des CER : l’installation de panneaux photovoltaïques

L’installation de panneaux photovoltaïques est un levier important de réduction d’émissions de GES liées à l’usage des bâtiments : les panneaux génèrent de l’électricité sous l’action du rayonnement solaire, sans émissions de GES en fonctionnement. Seules subsistent des émissions produites lors de la fabrication et mise en œuvre des panneaux, ces émissions représentant l’ « empreinte CO2-équivalent », l’unité CO2-équivalent (ou CO2eq) étant une unité pour représenter l’ensemble des gaz à effet de serre. Ainsi l’empreinte CO2eq rapportée au nombre de kWh générés sur la durée de vie du panneau n’égale pas zéro mais une valeur que l’on situe entre 20 et 50 grammes de CO2-équivalent par kWh, bien en deçà de la valeur moyenne de l’électricité du réseau belge se situant en moyenne autour de 260 grammes de CO2eq / kWh, mais surtout de la valeur de l’électricité généré à partir de gaz (supérieur à 500 grammes de CO2eq / kWh), qui est souvent l’électricité qu’on économise en Belgique lorsque on produit de l’électricité à partir de panneaux photovoltaïques.

Dans le cadre du projet SOCCER, plusieurs scénarii se sont intéressés à l’intégration de panneaux solaires au sein de la CER d’Ans, sur les toitures d’un bâtiment de la commune d’Ans ainsi que les toitures des logements de la Société des Logements du Plateau (SLP) présentant un potentiel intéressant, et à la production d’électricité associée.

A titre d’exemple, l’installation de plus de 2600 panneaux solaires sur un bâtiment communal pour une puissance totale d’installation égalant 975 kWc (kilowatt-crète) permettrait une production d’électricité moyennée sur les 25 prochaines d’années de 835 MWh (ou 835.000 kWh) par an, couvrant les besoins du bâtiment lui-même et une partie des besoins électriques da la CER constituée par les locataires de la SLP.

Ces différents scénarii assortis d’un certain nombre d’hypothèses, ont été évalués afin d’établir différents profils de consommation électrique que devraient suivre la CER jusqu’en 2050 permettant de satisfaire les engagements de réduction d’émissions de GES. De cette évaluation nous avons dégagé deux profils : le premier représentant le scénario de base (celui où aucune action n’est prise) ainsi qu’un scénario optimal (toutes les surfaces de toitures d’intérêt et disponibles sont occupées par des panneaux), la réalité de terrain se situant entre ces deux scénarios. Ces deux scénarios traduisent la consommation d’électricité « autorisée » pour des usages similaires à l’année de référence 2022, et n’intègrent donc pas des mesures d’électrification de certains usages sur lesquelles nous reviendrons plus tard.

Il est intéressant de noter qu’aucun scénario ne permet une augmentation de la consommation électrique au cours du temps. Toutefois, alors que le scénario de base exigerait même une diminution à hauteur de 50% de la consommation électrique à l’horizon 2030, le scénario optimal met en évidence un impact réellement significatif de l’implémentation des installations photovoltaïques, avec un effort de diminution de la consommation électrique à horizon 2030 ne devant être que de l’ordre de 7%. Il est raisonnable d’estimer que cet effort pourrait être réalisé par la mise en place d’actions d’économie n’impactant pas la qualité de vie des utilisateurs de la CER.

Objectif 2050 : la nécessité d’élargir le champ des actions

À horizon plus lointain (2050), un effort de diminution plus conséquent, de l’ordre de 24%, est par contre nécessaire et sera plus difficile à obtenir par de simples éco-gestes. L’atteinte de cet objectif nécessitera la mise en place de mesures additionnelles, aussi bien internes à la CER qu’externes et ce à des échelles communale, régionale et nationale : support à la rénovation thermique des logements ou encore à l’installation de pompes à chaleur sont quelques exemples de mesures possibles permettant de réduire l’empreinte environnementale liée à l’usage des bâtiments.

Par ailleurs, il est important de noter que cette étude s’est appuyée sur l’hypothèse d’actions d’atténuation des émissions cloisonnées par type d’activités (comme dit précédemment, on considère les usages équivalents dans le temps) là où la transition écologique, de par l’ampleur des changements nécessaires, exige une réponse systémique et globale : mobilité et usage des bâtiments sont deux types d’activités pour lesquels des solutions globales et collectives permettraient d’agir avec plus d’impact. En effet l’électrification de certains usages comme la mobilité a le pouvoir d’également abaisser les émissions de GES. C’est pourquoi la question de la mobilité électrique partagée doit également être prise en compte au sein des CER, qui constituent des foyers favorables à la participation citoyenne, est en cours d’étude dans le cadre du projet SOCCER.

Lionel Fourdrinier, Program Leader, CRM GROUP

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